Leica M6 + Ilford HP5 plus
Minolta CLE + Kodak Gold 200
Silence argentique
J’ai cessé de courir après la “perfection” — résolution, netteté, sur-post-production. Trop de vitesse, trop de bruit, trop d’écran. Le silence argentique est né de là : une posture, pas une nostalgie. Je marche ou je me déplace à vélo, un Brompton qui me permet d’aller partout, de le plier en une poignée de secondes et de le glisser dans les transports sans encombrer. Cette liberté calme le regard : on avance lentement, le temps s’invite dans l’image.
Dans cette pratique, l’appareil n’est plus un piège à instants mais un compagnon de présence. Je regarde longtemps, je déclenche rarement. La pellicule impose des choix, donc une éthique : peu d’images, mais engagées. Pas la performance : la justesse. Le poids du geste compte autant que le résultat ; la lenteur de l’argentique rappelle que voir est déjà un acte.
À cela s’ajoute un Polaroid. Rien d’instantané, en vérité : on expose puis on attend — dix à quinze minutes pour que l’image se révèle dans sa chimie, où la température infléchit le rendu. Par fortes chaleurs par exemple, les couleurs dérivent, les contrastes changent ; on ne sait jamais exactement ce qui sortira. Cette incertitude n’est pas un défaut, c’est l’espace laissé au réel : vieux boîtier, pellicule avec un caractère, Polaroid au film capricieux — tout devient matière. J’aime les marges, les flous, les accidents heureux, ces photos qui parlent à voix basse. Faire moins pour voir mieux.
Et aujourd’hui, ce chemin s’approfondit encore. J’ai envie d’explorer davantage l’empreinte de mes choix d’exposition et la richesse des rendus selon les films. Jusqu’ici, je me suis limitée à la Ilford HP5 Plus en noir et blanc et à la Kodak Gold 200 en couleur. Pour affiner ma pratique, j’ai suivi le cours en ligne de Nick Carver sur le light metering, puis investi dans un Spot Meter Mk II de chez Reveni Labs. Ensuite, forcément, j’ai passé commande de nouvelles pellicules à tester : Ilford XP2, Kodak Ultramax, Kodak 400TX, CineStill, Kentmere… autant de terrains d’expérimentation. L’impatience est là : découvrir, comparer, sentir ce que chaque film raconte à sa manière.